Dans le cadre de la série Tech Makers, TechLipstick reçoit des femmes qui exercent un métier technique pour comprendre ce qui les anime, quelle formation elles ont suivie, en quoi consiste leur métier, et les qualités qu'elles mettent en oeuvre.
Exceptionnellement, c'est avec un homme, Milan Boisgard, que nous poursuivons notre découverte. D'abord parce qu'il a fait des études littéraires avant d'entreprendre, et aussi parce qu'il a fondé Uncode School, une école pour se former aux outils nocode et devenir Product Builder.
C'est ses positions sur la parité et sa mission de formation à la tech avec Uncode School qui m'ont conduite à inviter Milan au micro de TechLipstick.
Milan se destinait à l’administration publique et a plongé dans la tech en faisant sa première application de musique. Nous avons un peu débordé sur le sujet du nocode, qui nous passionne tous les deux ! Il n’en reste pas moins que ces nouveaux outils sont une opportunité formidable de se lancer dans la tech et de construire des produits digitaux pour soi ou pour ses clients. En plus Milan est un entrepreneur accompli et en partage ses conseils au court de l'épisode.
[minutes 3 à 9] Ce qu’est le nocode :
3.00 définition du nocode : le fameux glisser-déposer sur Canva, Elementor ou Wix - avec ces nouveaux outils il s’agit que les non -développeurs puissent développer facilement des outils digitaux.
4.20 le nocode est une résultante de tout ce qu’il y avait avant et s’inscrit dans le grand plan des développeurs, qui est de faciliter le dialogue avec la machine.
5.00 - le numérique a pris une place énorme, mais les languages sont encore difficiles pour la plupart des gens. Les outils nocode utilisent de la programmation visuelle qui est beaucoup plus facile d’accès. Exemple : Bubble. Il s’agit de coder naturellement et de coder visuellement. Le nocode est le projet d’abstraire la complexité qu’il y avait avant. Cela a toujours été le projet de l’informatique, Excel est le premier outil nocode.
[minutes 9.00 à 13.30] Milan revient sur le terme nocode qui a une connotation un peu négative. Ce n’est pas parce qu’on parle de nocode que c’est facile. Pour faire des applis en nocode de manière professionnelle, il y a des efforts importants à fournir, en termes d’outils et en termes de compréhension du web.
[minutes 13.30 à 17.30] Milan parle de son parcours : il a fait une prépa littéraire avec l’objectif de faire l’ENA, une licence de philo et un master en droit. Il s’est rapidement ennuyé et a eu envie de faire une application mobile de musique. Il a appris tout seul comment faire sur openclassroom et a réussi créer un site web en une semaine. Cela a été une révélation, il a du coup fait une formation en communication et informatique au CELSA, tout en faisant des prestations en freelance pour des clients.
[minutes 17.30 à 22] A la suite d’un test exclusif de Google Glass, il a créé un blog sur la réalité virtuelle et lancé un site web ecommerce pour vendre des casques virtuels, société qui a été revendue. Cela lui a permis de monter un média sur les usages du web. Le business model était de louer des casques de réalité virtuelle et de faire de la création de contenus. Cette boite a également bien marché, jusqu’au COVID.
[minutes 22 à 23] Il a voulu monter un projet autour de la formation et les outils nocode ont commencé à émerger. Il s’y est intéressé car cela facilitait les projets, il a découvert Bubble, Webflow et Make. Il a fait ses premiers projets, et décidé de partir sur la transmission du savoir (son père est prof).
[minutes 23 à 26] Sur la curiosité et la nécessité de faire de la veille pour rester au contact des nouvelles technos et de progresser. Le conseil de Milan: commencer la journée par 15 mn de veille et pas par regarder ses emails.
[minutes 26 à 29] Son conseil pour entreprendre : ne pas lancer une boite en se disant que tout le monde va adorer. D’abord contacter les utilisateurs en lançant du contenu. Quand on est seul, on se trompe. Passer par le contenu permet d’aller au contact de son audience et de lancer un business pertinent.
[minutes 29 à 30.30] Au sujet des bootcamps code, il estime qu’il est très compliqué de trouver du travail derrière car pour arriver à développer correctement il faut le faire a minima tous les jours pendant deux ans. Alors que les outils nocode permettent de réduire la courbe d’apprentissage.
30.30 : Sur le fait d’arriver au début d’un nouveau marché en tant qu’entrepreneur.
[minutes 31- 36.30] : Au sujet d’Uncode school et comment on démarre avec les outils nocode. Milan considère que les personnes qui démarrent doivent développer des compétences de Product Builder. Il y a deux types de profil : App Builder avec Bubble car c’est le plus avancé et qu’il y a une vraie communauté. Ops Specialist : pour gérer les opérations et les process, et faire gagner du temps sur les tâches à faible valeur ajoutée. Pour lui le nom est vraiment important pour permettre aux personnes d’avoir une vision claire sur leur métier. Il fait un parallèle avec les spécialités en droit pour expliquer les différences entre les deux profils.
[minutes 36.30 à 40.30] C’est important que les personnes qui sont formées aient la bonne méthodologie, notamment quand il s’agit de comprendre les besoins et de cartographier les processus.
[40.30 à 45.30] Sur l’apport des outils nocode dans les métiers de conseil ou les grands projets. Il est possible de tester plus rapidement les idées et les intuitions. Le go-to-market est beaucoup plus rapide. Cela permet une agilité avec des outils mature pour être en entreprise. Pour lui les projets nocode peuvent être mis à l’échelle et ne nécessitent pas le recours à l’IT dans un premier temps.
[minutes 45.30 à 48.30] Sur la question de la sécurité des données avec les outils nocode. Les éditeurs ont conscience que leurs applications doivent être sécurisées au maximum, après le risque humain est le même qu’on soit sur du code ou du nocode.
[minutes 48.30 à 51.30] Sur la question de la parité dans la tech. Milan avait surtout affaire à des hommes dans ces précédentes expériences. Il pense que c’est un problème culturel qu’il n’accepte pas. Uncode school n’est pas une boite à impact, mais cela ne va pas dire qu’il ne peut pas essayer de rebattre les cartes en disant aussi aux femmes ‘allez-y”. C’est un combat de tous les jours. Tout est rédigé sur son site pour s’adresser aux hommes et aux femmes à la fois. L’écriture est importante. Le retour des femmes est que cela rend les choses plus abordable.
[minutes 51.30 à 53.00] Ce n’est pas suffisant pour recruter des femmes, et surtout le nocode est encore un sujet très niche. Il doit à la fois créer une parité sur le recrutement mais aussi sur les intervenants .
[minutes 53.00 à 55.20] Il fait un mea culpa : la première promo d’Uncode School, il a eu une parité parfaite des effectifs. Malheureusement, les femmes ne sont pas forcément retrouvées dans la formation car tous les intervenants étaient des hommes. Il a du coup changé et veut maintenant une parité des intervenants car cela donne davantage envie aux élèves. C’est un combat quotidien et il faut sans cesse se remettre en cause pour progresser.
[minutes 55.20 à 58.06] : sur la place des femmes dans la tech et le cas spécifique de Notion, qui est un outil très utilisé par les femmes.
[minutes 58.06 à 1.00] : dans sa prise de parole sur LinkedIn, Milan fait des posts assez techniques qui peuvent avoir tendance à éloigner les femmes. Tous les projets ne sont pas techniques, et c’est plutôt un biais culturel de penser que les femmes ne pourraient pas y arriver. Il a enseigné chez Simplon à d’autres personnes qui n’avaient pas forcément eu accès à des études supérieures ou étaient éloignées de l’emploi. Les femmes doivent pouvoir prendre le sujet du nocode en main (’se rebeller’) pour tenir le haut du pavé. Il est d’autant plus légitime pour dire cela qu’il a fait le parcours lui-même en venant d’études littéraires. Son message : il faut y aller, il y a une très belle opportunité maintenant, loin du mythe du “geek boutonneux”.
[mn 1.01 à 1.05 ]: une femme très inspirante est Dorothy Vaughan qui a pris en charge l’informatique à la NASA et est devenue une spécialiste du langage Fortran. Milan est fan du film “Les figures de l’ombre”. Pour lui, c’est le moment de se pousser à aller sur le nocode qui relègue un peu au second plan les compétences de développeur.
[mn 1.05 à 1.07] : Je parle de l’intérêt de se plonger dans un outil nocode, qui est accessible même si ce n’est pas facile.
Fin: les références de Milan
Les références échangées pendant l'épisode :
Mon interview d'Emmanuel Straschnov
Atomic Habit de James Clear - comment trouver le bon cadre pour avancer et prendre des bonnes habitudes
GDIY, le podcast sur les entrepreneurs et les personnalités marquantes
Son application préférée en ce moment : LinkedIn
Sa communauté est bien sûr le Slack de Nocode France, et celle de sa newsletter Nocode station
Pour se former au nocode :
L'outil que nous recommandons pour démarrer, c'est Notion. Parce qu'on peut tout y stocker et y organiser, et qu'il y a une énorme communauté pour aider.
Vous pouvez démarrer seul.e sur les outils de front (création de site web) les plus faciles à aborder : Wix, Softr, Dorik. Attention : le fait qu'ils soient assez intuitifs ne veut pas dire qu'on ne peut pas aller assez loin et qu'il n'y a pas d'efforts à fournir pour les maîtriser. Leurs cours en ligne, les articles de support et la communauté sont toutefois d'une grande aide pour démarrer.
Pour construire des applications à partir de données, Airtable et TimeTonic (français) sont facilement abordables si vous avez l'habiture des bases de données. Cependant une formation est préférable pour gagner du temps.
Pour se former aux outils plus complexes comme Bubble, Make, Zapier, il vaut mieux suivre une formation avec une école spécialisée comme Uncode School (pour devenir Product Builder), Contournement, Join Maestro (pour devenir product manager), Alegria academy (pour devenir maker).
Dans tous les cas, pratique et travail viennent à bout de toutes les difficultés. Bonne chance !
Voir aussi la liste de nos logiciels de nocode préférés.
Comments